L’instinct maternel serait la faculté d’une mère à établir un lien particulier avec son bébé et à répondre à ses besoins. Phénomène biologique selon les uns, mythe social selon les autres… Le magazine Marie-Claire a choisi ce mois-ci de s’intéresser à celles pour qui l’instinct maternel n’est pas une évidence, ces jeunes mamans qui ont besoin de plus de temps, et d’un peu d’aide, pour se sentir pleinement mères. Des mamans qui ne se sentent pas à la hauteur, qui sont parfois incapables de s’occuper de leur bébé, de changer une couche ou de jouer avec lui… Un sujet tabou, difficile à vivre dans une société qui prône désormais le maternage à tout crin et véhicule dans tous les médias (y compris sur les blogs, battons notre coulpe) l’image de la Mère parfaite, entièrement dévouée à son enfant.
- Ces difficultés maternelles peuvent se manifester de différentes façons: Certaines vont faire preuve d’indifférence envers leur bébé, d’autres vont le rejeter (ce qui peut même parfois aller jusqu’au déni de maternité). A l’inverse certaines mères vont construire une relation totalement fusionnelle qui nie l’individualité de l’enfant.
- Ce phénomène concerne environ 10% des mamans. Plutôt des mères jeunes, qui viennent d’accoucher de leur premier enfant, mais toutes les femmes peuvent être concernées.
- Selon les psys, la principale cause de ces difficultés est le décalage entre l’enfant fantasmé, l’enfant idéal que la jeune mère a imaginé pendant sa grossesse, et l’enfant réel.
Une psychanalyste nantaise, Sophie Marinopoulos, qui a créé un lieu d’accueil pour les mamans en difficulté, souligne aussi un point important selon moi:
« Il y a moins de 50 ans, la naissance était une affaire de famille : les parents, les grands-parents, tout le monde aidait la mère. Aujourd’hui les grossesses sont hyper-médicalisées, mais dès que l’enfant paraît, la maman est oubliée. Elle sort de la maternité au bout de trois jours, et ce n’est pas au gynécologue qui la reçoit un mois plus tard en 10 mn chrono qu’elle va aller raconter ses difficultés »
J’ai été très entourée pendant ma grossesse, d’autant que j’ai été hospitalisée à 33 SA, puis que j’ai bénéficié d’un suivi à domicile. Mais après l’accouchement j’ai vraiment eu l’impression d’être jetée dans le grand bain sans personne pour m’apprendre à nager. J’ai eu la chance d’avoir un compagnon très présent et je n’ai finalement pas eu trop de mal à entrer dans ma nouvelle peau de maman, mais j’imagine que cette soudaine solitude doit être difficile à vivre pour certaines jeunes mères plus fragiles et peu soutenues par leur entourage. Alors à qui la faute ? Au corps médical, à la société, à la famille ? Aux pères qui ne sont pas assez impliqués, aux grands-parents qui ne sont pas assez présents ? Au cours de préparation à l’accouchement j’étais avec une jeune femme d’origine chinoise qui nous racontait que dans son pays il était encore d’usage que les grands-parents s’occupent à temps plein du bébé pendant les premières semaines afin que la jeune maman puisse se reposer et prendre ses marques (en même temps je ne crois pas que j’aurais supporté d’avoir en permanence ma mère sur le dos après la naissance de Ma Chouette!)
Et vous, l’instinct maternel, ça vous parle? Avez vous eu l’impression d’être assez soutenue et entourée après la naissance de votre bébé?
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